Dans l'interview de Jean-Marc Thévenaz, CEO d'easyJet Suisse, nous apprenons comment la compagnie aérienne reste compétitive dans un secteur aérien en pleine mutation, tout en poursuivant ses objectifs de durabilité. Thévenaz partage des aperçus sur les stratégies et les partenariats d'easyJet Suisse visant à réduire les émissions de CO2 et à promouvoir l'innovation. La propulsion à l'hydrogène est particulièrement importante à cet égard. Thévenaz met également en lumière le rôle important de l'EuroAirport et les efforts de la compagnie aérienne pour réduire le bruit.
Image : Jean-Marc Thévenaz, CEO easyJet Suisse. Mise à disposition par easyJet.
Le secteur de l'aviation a beaucoup évolué ces dernières années. Quelle est la stratégie d'easyJet Suisse pour rester compétitif dans cet environnement de marché en mutation tout en devenant plus durable ?
easyJet Suisse est un acteur important en Suisse depuis plus de 20 ans, avec des bases solides à Bâle et à Genève. Notre modèle commercial basé sur l'efficacité et la simplicité se traduit par des opérations optimisées, des avions de dernière génération et des collaborateurs qualifiés et engagés. L’entreprise easyJet est également considérée depuis de nombreuses années comme un pionnier dans l'intégration des objectifs ESG (Environnement, Social, Gouvernance) dans toutes ses activités opérationnelles.
Le secteur aérien travaille intensivement à la réduction des émissions de CO2. Le thème de la durabilité joue-t-il un rôle plus important dans le secteur aérien aujourd'hui qu'avant la pandémie ? Quelles seront les innovations technologiques ou stratégies d’easyJet Suisse pour continuer à minimiser son impact sur l'environnement ?
Nous travaillons à la réduction de nos émissions de carbone et cherchons des solutions sans carbone pour l'avenir. Dans le cadre de notre feuille de route Net Zero, nous poursuivons notre objectif de zéro émission nette de carbone d'ici 2050. C'est pourquoi nous investissons dans des technologies de pointe et travaillons avec des partenaires de toute l'industrie, notamment Airbus, Rolls-Royce, GKN Aerospace, Cranfield Aerospace Solutions et Wright Electric, pour développer des technologies sans carbone comme l'hydrogène. Nous sommes convaincus que la décarbonisation de l'aviation en Suisse est possible grâce à des technologies d'avenir comme l'hydrogène. C'est pourquoi nous devrions réfléchir à une chaîne de valeur suisse locale.
La Chambre de commerce des deux Bâle milite fortement pour la mise en place d'un réseau trinational d'hydrogène et de conditions-cadres nationales et cantonales correspondantes. Contrairement à d'autres compagnies aériennes, easyJet ne mise pas seulement sur les Sustainable Aviation Fuels (SAFs), mais aussi sur l'hydrogène. Comment et pourquoi avez-vous choisi cette voie ? Existe-t-il des objectifs concrets ou des calendriers pour cette transition ?
Nous travaillons avec Rolls-Royce et Airbus au développement d'une technologie de moteur à combustion à hydrogène qui pourrait être utilisée dans une grande variété d'avions. Nous travaillons également avec différents acteurs pour soutenir le développement d'écosystèmes d'hydrogène. Ceux-ci sont nécessaires pour permettre le vol commercial à grande échelle sans émissions de CO2.
Quels sont les obstacles à surmonter pour permettre l'utilisation des SAFset de l'hydrogène ? De votre point de vue, où se situe la Suisse par rapport à l'étranger ? Où et comment les conditions-cadres doivent-elles être améliorées ?
La Suisse devrait intégrer l'hydrogène vert dans sa politique d'approvisionnement énergétique, sans pour autant oublier les SAFs. Il serait donc important que la Suisse se joigne aux projets visant à créer une infrastructure paneuropéenne de l'hydrogène d'ici 2040. Dans la mesure où l'hydrogène peut être mélangé au réseau de gaz naturel, il serait possible d'utiliser en grande partie l'infrastructure de gaz naturel existante. Il est toutefois évident que la mise en place du futur réseau nécessitera une étroite collaboration entre les États membres de l'UE et les pays voisins. La Suisse, qui n'est pas membre de l'UE, n'a pas encore suffisamment démontré le rôle de premier plan que notre pays peut et doit jouer dans la construction du futur «corridor H2» européen. Il est donc important que la Suisse rattrape rapidement son retard et participe dès maintenant activement aux discussions sur la distribution et l'approvisionnement en hydrogène vert en Europe.
easyJet Suisse a une présence importante à l'EuroAirport. Comment la collaboration entre la compagnie aérienne et l'aéroport a-t-elle évolué au cours des dernières années ?
Avec une part de marché de plus 60% à l'EuroAirport, nous sommes naturellement un acteur très important sur cette plate-forme. Depuis notre implantation à l'EuroAirport en 2003, nous avons développé d'excellentes relations avec l'aéroport et tous nos partenaires locaux. Il est très important pour nous d'entretenir ces relations afin de pouvoir répondre ensemble aux attentes et aux défis liés au développement de notre réseau au départ de l'EuroAirport.
Vous avez récemment annoncé qu'un Airbus A320 supplémentaire serait stationné à l'EuroAirport. Quel rôle joue l'EuroAirport dans les futurs plans d'expansion d'easyJet Suisse ? Y a-t-il des projets d'extension du réseau de lignes ou d'introduction de nouveaux services à l'EuroAirport ?
Nous avons annoncé l'introduction de trois A320 supplémentaires en Suisse, dont deux seront basés à Genève et un à Bâle, ce qui portera notre flotte à 28 avions au total. En lien avec cela, nous avons lancé en juin une campagne de recrutement de 142 membres d'équipage en Suisse. Avec cet investissement, nous envoyons un signal fort à nos partenaires de l'EuroAirport. Nous contribuons ainsi à une meilleure desserte ainsi qu'à l'emploi local direct et indirect.
Comme tous les aéroports, l'EuroAirport est régulièrement critiqué pour ses nuisances sonores. Vous êtes la plus grande compagnie aérienne sur place, quelle est votre contribution à la protection contre le bruit ?
La croissance démographique et l'extension des agglomérations ont rapproché les aéroports des zones d'habitation. Il revient donc de notre responsabilité de réduire autant que possible l'impact sonore de nos vols sur la population environnante. Dans ce contexte, l'introduction du nouvel Airbus A320NEO est une mesure importante, car ce nouvel avion réduit de 50% le niveau de bruit au sol par rapport à l'A320 traditionnel. Nous avons déjà introduit sept A320NEO en Suisse, ce qui représente plus de 25% de notre flotte. Parallèlement, nous avons mis en place des procédures (par exemple, des descentes continues) qui nous permettent de réduire la puissance des moteurs et donc le bruit. Enfin, nous travaillons en collaboration avec l'aéroport afin d'adapter les routes et les profils de vol de manière à réduire au maximum les nuisances pour les riverains.
Avez-vous des souhaits spécifiques à formuler à l'EuroAirport ou aux décideurs politiques de la région de Bâle ou de la Suisse ?
L'EuroAirport est une pierre angulaire importante pour le développement économique de la région trinationale de Bâle, pour le marché de l'emploi et pour la prospérité. Pour nous, il est essentiel que les décideurs politiques maintiennent les conditions-cadres actuellement en vigueur, afin que nous restions compétitifs et que l'EuroAirport reste disponible à l'avenir.
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